Circle Stories

À 7 ans, Claire Zeller croit au cercle, à la sphère et à la spirale.

Comme le docteur Mensendick, Claire Zeller est avant tout à la recherche de la tension dans le mouvement, à la poursuite attentive et bienveillante d’une position initiale en complet accord avec les futurs mouvements du ballon, du cerceau ou du ruban.

Claire Zeller n’a pas vu le nu descendant l’escalier, cet arrêt sur image d’une figure prise dans les stries du temps.

Le cercle est dans un plan le lieu des points équidistants d’un autre point qu’on appelle centre.

Pour donner au pape Benoît XII la preuve de son plus extraordinaire talent, Giotto dessina à main levée un cercle parfait. Aussitôt conquis le souverain pontife lui ouvrit les portes de Rome.

Claire Zeller, elle, trace 40 heures par semaine des cercles dans l’air épais du gymnase de l’Espérance de Pfastatt, luttant sans relâche avec la pesanteur, ses jambes tentant de tourner inlassablement le sol en dérision.

Le centre et le cercle ne se définissent que l’un par rapport à l’autre.

Claire Zeller n’a jamais vu et ne verra jamais le monument à la troisième internationale qui devait projeter des messages du parti dans les nuages.

Le corps de Claire Zeller ne s’ordonnera plus qu’en fonction d’équilibres multiples, de changements de forme, de fouettés ou de rondes, selon une géométrie étrangère à tout projet politique.

La valeur de la distance entre la circonférence et le centre est appelée rayon du cercle. Celui-ci étant infiniment variable, il existe donc une infinité de cercles pour un centre quelconque.

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Pour le colonel John Warden de l’united states air force, l’essence de la guerre réside dans le fait de convaincre l’ennemi d’accepter votre position. La théorie des cinq cercles qu’il a élaborée est à la base de la stratégie de bombardement utilisée par la coalition durant la guerre du golfe.

La guerre de John Warden vise à changer l’état d’esprit de l’ennemi, son schéma d’organisation en cinq cercles concentriques valant aussi bien pour un état industrialisé, une compagnie d’électricité ou le corps humain.

Un cercle ne peut se tracer qu’avec l’aide d’un instrument qui, à partir d’un point fixe, respecte l’équidistance.

Ce n’est pas le colonel John Warden mais Marianna Bannwart l’ex- championne du monde roumaine, qui prendra en charge le rêve de Claire Zeller.

Peu à peu, Claire Zeller, ne percevra plus la réalité de son corps comme un bloc mais comme un ensemble de zones indépendantes, dont les différentes actions prises dans un enchaînement dynamique concourent à son unité.

À 14h18, le 1er mai 1994, dans le virage de Tamburello sur le circuit d’Imola en Italie, Ayrton Senna percute un mur de béton à 210 km/h. Dans la guerre entre les lignes courbes et Ayrton Senna, c’est finalement la ligne courbe qui l’a emportée.

Dans un espace de dimensions quelconques l’ensemble des points placés à une distance constante d’un centre est appelé sphère.

Walter Schinkel ne connaissait ni Claire Zeller, ni Marcel Duchamp, lorsqu’il découvrit le phénomène des cercles de fées de Namibie en 2005 à la lisière orientale du désert du Namib. Dans cette partie du monde, grâce aux 5 à 10 centimètres de pluie qui tombent chaque année, des graminées parviennent à pousser sur un sol sablonneux, mais cette couverture végétale est trouée par une multitudes de tâches circulaires d’un rayon de 2 à 12m de diamètre. Selon la légende locale, ces cercles de fées seraient les empreintes de pas que les dieux laissent sur terre.

La Terre peut être modélisée par une sphère dont le rayon est environ 6 371 km.

Claire Zeller n’avait jamais vu un rotorelief de Marcel Duchamp, pour Claire Zeller le monde est une spirale de tissus de 6m de long qu’un mouvement ininterrompu de son corps anime durant 1mn30.

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